Embankment #6, resíduo de Frederico Duarte








I.

L’unité magique primitive est la relation de liaison vitale entre l’homme et le monde, définissant un univers à la fois subjectif et objectif antérieur à toute distinction de l’objet et du sujet, et par conséquent aussi à toute apparition de l’objet séparé. On peut concevoir le mode primitif de la relation de l’homme au monde comme anterieur à l’objectivation du monde, mais même à la ségrégation d’unités objectives dans le champs qui sera le champs objectif.

Technicité et religiosité ne sont pas des formes dégradés de la magie, ni des survivances de la magie; elles proviennent du dédoublement du complexe magique primitif, réticulation du milieu humain originel.

C‘est par leur couple que technique et religion sont héritières de la magie, et non chacune pour elle même. La religion n’est pas plus magique que la technique; elle est la phase subjective du résultat du dédoublement, tandis que la technique est la phase objective de ce même dédoublement.Technique et religion sont contemporaines l’une de l’autre, et elles sont, prises chacune à part, plus pauvres que la magie d’où elles sortent.

L’inspiration religieuse constitue un permanent rappel de la relativité d’un être particulier par rapport à une totalité inconditionnelle, dépassant tout objet et tout sujet de la connaissance et de l’action.

Les techniques, inversement, reçoivent un contenu qui est toujours au-dessous de l’unité, parce que les schèmes d’efficacité et les structures qui résultent de la fragmentation du réseau primitif des points-clefs ne peuvent s’appliquer à la totalité du monde.


Magic can be considered as an attempt to bring about changes to the advantage of man, by diverting things from their own path and toward our own service.

The primeval conception of the world, not yet influenced by science views the world, and the men who are part of it, as caught in a rhythmic, self-sustaining, circular process of motion, thus constituing an animated automatism. Also, the magical forces with wich the world is filled are neither arbitrary nor spontaneous; one can set them into motion by means of appropriate, precisely repited formulas, after which they operate under their own impulse, necessarily and automatically.

The fascination with automatisms is a prerational, transpractical impulse, which previously, for millenia, found expression in magic and has more recently found its full realization in clocks, engines and all manner of rotating mechanisms.

None of the innumerable individuals who over the centuries have grappled with the insoluble problem of perpetual motion, did so just in view of practical effect. Instead, they were all fascinated by the singular appeal of a machine that runs itself.


L’outil est la forme naissante du non-moi qui confère une puissance nouvelle. Et cette puissance peut d’emblée être interprétée comme ce qui permet de dépasser les limites “naturelles” de la condition humaine. L’objet technique de ce fait, se trouve empreint de toute une transcendance magique qui introduit l’être humain de plain pied dans le monde des puissances surnaturelles du sacré.



II.

O problema das técnicas, e por conseguinte o dos meios de controlo e de coerção, a vitória do espírito secular sobre o espírito religioso e em geral a preeminência do lucro sobre as actividades desinteressadas, a constituição de imensos dispositivos onde os poderes deixam gradualmente menos liberdade ao indivíduo e se encontram na perspectiva de lhe destinar um lugar cada vez mais estritamente determinado num mecanismo incessantemente mais complexo, tais são com efeito as transformações fundamentais sem as quais a guerra não se poderia apresentar sob o seu aspecto de festa negra e de apoteose às avessas. São elas que a tornam fascinante para a parte religiosa da alma humana.

A perspectiva de uma espécie de festa total que se arrisca a arrastar nos seus horríveis redemoinhos a população do globo, anuncia o advento de uma fatalidade efectiva, medonha, paralisante e tanto mais prestigiosa.

A festa, todavia era simulacro dança e jogo. Mimava a ruína do universo para lhe assegurar o renascimento periódico. Consumir tudo, deixar cada qual ofegante e como morto, era sinal de vigor, penhor de abundância e longevidade. O mesmo não sucederia no dia em que a energia libertada num paroxismo sinistro, desproporcionada em grandeza e em potência para a fragilidade relativa da vida, rompesse definitivamente o equilíbrio a favor da destruição. Este excesso de seriedade da festa torná-la-ia mortal, não só para os homens, mas talvez igualmente para si mesma.



III.

Le monde de la terre actuelle est mené par des séries d’envôutements concertés et calculés.

L’envôutement est un nom qui vient à la place de l’impensé occidental. L’impensé colonial. L’impensé du rapport entre Dieu, la technoscience et le capitalisme.

 

Oser mettre le capitalisme dans la lignée des systèmes sorciers, ce n’est pas prendre un risque ethnologique, mais pragamatique. Car si le capitalisme entre dans une telle lignée, c’est sur un mode très particulier, celui d’un système sorcier sans sorciers qui se pensent tels, un système opérant dans un monde qui juge que la sorcellerie n’est qu’une simple croyance, une superstition et ne nécessite donc aucun moyen adéquat de protection.

Penser que l’on n’a pas besoin de protection relève d’une imprudence qui s’apparente à la plus grande des naivetés.

Les petites mains croyant bien faire, tout comme les grandes voix présentant les destructions comme des sacrifices nécessaires, prix à payer pour que triomphe une raison libératrice, n’ont jamais manqué.

C’est pourquoi les grandes mises en scène où l’histoire est placée sous le signe d’un développement permanent sont possibles. Comme si, entre le moment où les premiers hominidés se sont dressés sur leurs deux pattes et ont contemplé les étoiles, et les conquêtes qui marquent le monde moderne, il y avait une continuité maîtresse. Celle d’une conquête dont nous avons été les acteurs peut-être, mais qui vaut pour toute l’humanité. Lorsque nous envoyons dans les pays lointains missionnaires, institeurs, armée - et aujourd’hui fonctionniares du FMI, de la Banque Mondiale, et autre altruistes d’ONG ou bombes intelligentes- il s’agit d’une oeuvre de pacification.

 

A procura de um novo veículo para a nossa religiosidade, que marca a meu ver a atualidade, é uma superação da Idade Moderna. Com efeito, todas as nossas atividades criadoras, inclusive as científicas e as artísticas, estão dedicadas ao esforço de abrir campo novo à religiosidade. Com nosso intelecto ainda somos modernos mas com nossa religiosidade já participamos de uma época vindoura. O que equivale a dizer que somos seres de transição e em busca de futuro. Se as religiões tradicionais são inaceitáveis para essa nova religiosidade, se as religiões exóticas são desvendadas como fugas, e se  o desvio para a política, a economia, a tecnologia decepciona ficamos com a fome religiosa insatisfeita. Invejamos os que a satizfazem na forma tradicional ou nas formas substitutivas, mas simultaneamente sentimos desprezo por eles. Essa mistura de inveja e desprezo, de humildade e blasfêmia caracteriza a religiosidade insatisfeita. É essa religiosidade não comprometida e portanto faminta de compromisso que poderá construir o futuro.



IV.

La nature n’est pas une réalité donnée, autonome par rapport aux activités humaines, une terra incognita attendant depuis toujours que l’homme la découvre et s’en rende “comme maître et possesseur”.

L’histoire humaine est l’histoire des agencements sucessifs qui organisent le rapport de l’homme à la matière, chaque agencement étant caractérisé par un couplage défini entre le contenu objectif du monde naturel et notre équipement artéfactuel. La nature c’est l’homme avec la matière, c’est là où il y a de l’artifice.

Il semble possible d’indiquer l’émergence d’un nouvel état naturel réordonnant le rapport de l’homme à la matière sur la base d’un transfert de l’activité constructrice des machines à la matière, donnant naissance à une nouvelle classe de matériaux: les materiaux-machines, n’appelant bien évidemment rien de moins qu’une nouvelle onto-technologie des processus refusant toute séparation de l’être et du devenir, de la structure et de l’opération, de la forme et de la matière.



V.

Il y a cette espèce de griserie physique que communique directement au cerveau la rotation des images. L’esprit s’émeut hors de toute représentation. Cette sorte de puissance virtuelle des images va chercher dans le fonds de l’esprit des possibilites à ce jour inutilisées. Le cinema est essentiellement révélateur de toute une vie occulte avec llaquelle il nous met directement en relation. Le cinema brut, et pris tel qu’il est, dans l’abstrait, dégage un peu de cette atmosphère de transe éminemment favorable à certaines révélations.

Pourquoi le matériau issu du montage nous apparaît à ce point volatil? Parce qu’il a été détaché de son espace normal, parce qu’il ne cesse de courrir de migrer d’une temporalité à l’autre. Voilà pourquoi le montage relève de ce savoir des survivances et des symptômes qui ressemble à quelque chose comme une histoire de fantômes pour grandes personnes.

Le montage comme machine à faire de la poussière dans l’espace et du vent dans le temps, bref une machine à lâcher les spectres de la mémoire et du désir inconscients selon un rythme d’intermittence incantatoire.

Activité où l’imagination devient une technique- un artisanat, une activité de mains et d’appareils - à produire de la pensée dans le flux incessant des différences ou des relations comme le font les enfants avec les Lego.

 

                                                                                         

Porto, 13 de Junho 2009

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